À l’écart des sentiers battus, là où les falaises se jettent dans la mer et où le maquis embaume l’air, existe une ville corse au charme brut. Moins médiatisée qu’Ajaccio, plus discrète que Bastia, elle cultive sa singularité avec fierté. Voici un voyage au cœur d’une destination qui n’a pas dit son dernier mot.
Une enclave authentique entre terre et mer
Nonza, gardienne des secrets du Cap Corse
Perchée sur un promontoire, Nonza domine l’une des plus spectaculaires portions de littoral du Cap Corse. Le village semble accroché à la montagne, avec ses maisons en pierre sèche qui semblent résister au temps comme au vent. Ici, pas de boutiques flashy ni de flux massifs de touristes. Certains diront qu’il n’y a « rien à faire ». D’autres y verraient au contraire un retour à l’essentiel.
Sous le soleil, l’église Sainte-Julie rayonne, adossée à une tour paoline, témoin d’une époque troublée. Une fois là-haut, le spectacle est total : d’un côté, la Méditerranée à perte de vue ; de l’autre, le maquis dense et sauvage. On comprend vite pourquoi les anciens parlaient de « fin de terre » lorsqu’ils décrivaient cet endroit.
Une plage pas comme les autres
Au pied de la falaise, s’étend la célèbre plage noire de Nonza. Rare en Corse, ce rivage atypique intrigue : le sable, formé de galets sombres, lui donne un aspect presque lunaire – résultat d’une ancienne exploitation d’amiante à proximité. Même si la baignade n’est pas recommandée partout, l’endroit dégage une aura hypnotique. En fin de journée, au calme, les galets chauds sous les mains, on comprend pourquoi certains choisissent de s’y allonger pendant des heures sans dire un mot.

Un art de vivre à l’écart du tumulte
Le silence comme luxe
On ne vient pas à Nonza pour faire du shopping ou tester les derniers bars à cocktail à la mode. Le silence y pèse parfois lourd, surtout pour les habitués du rythme urbain. Mais c’est aussi ce calme qui donne à ce petit village tout son relief. Oubliez la voiture, serrez les lacets et marchez. Ici, chaque ruelle semble vous chuchoter les histoires du passé.
Les habitants – une cinquantaine à l’année – prennent le temps. On s’arrête pour dire bonjour, on échange des figues du jardin contre du brocciu frais. Se contenter, c’est peut-être ça le vrai luxe, non ?
Des saveurs à découvrir sans prétention
Quelques bonnes adresses méritent qu’on s’y attarde, sans pour autant chercher l’étoile Michelin. On pense par exemple à ces petites auberges familiales où l’on sert un veau aux olives longuement mijoté, ou des beignets de courgettes du jardin juste sortis de l’huile. La carte est courte, le goût est là.
Et pour les amateurs de vin, inutile d’aller bien loin : le Cap Corse produit un muscat du domaine d’Alzipratu qui surprend autant qu’il séduit. À déguster en terrasse, les yeux vers les flots – ou fermé, c’est selon.
Randonnée et solitude : trouver son rythme
Des sentiers avec vue
Pour ceux qui aiment marcher sans croiser une foule en baskets fluorescentes, Nonza est un point de départ idéal. Le sentier des douaniers, qui serpente sur la côte, offre une série de panoramas spectaculaires, que ce soit au lever ou au coucher du soleil.
Voici quelques parcours prisés :
- Le Monte Stello – accessible aux marcheurs aguerris : 1 307 mètres de dénivelé mais une récompense grandiose à l’arrivée
- Le chemin côtier de Nonza à Albo – idéal pour une balade de 3 heures entre mer et maquis
Petit conseil en passant : prenez toujours une gourde pleine et un chapeau. Il n’y a pas de buvette tous les kilomètres, et c’est bien ce qu’on aime.
Le pouvoir du vide
Rares sont les lieux qui vous forcent à ralentir. Ici, il ne s’agit pas d’une injonction à la déconnexion Instagrammable. C’est juste que tout va plus lentement. Quand le portable capte mal et que la boulangerie n’ouvre qu’une fois sur deux, vous êtes bien obligés de faire autrement. Et ça fait un bien fou.
Un regard neuf sur la Corse
Corse sauvage, mais paisible
Nonza n’est pas un cas isolé : toute la région du Cap Corse regorge de villages similaires, suspendus hors du temps, préservés malgré les saisons touristiques. Mais ce qui fait sa force, c’est cet équilibre fragile entre isolement et accueil chaleureux.
Pour ceux qui aiment les routes sinueuses, les couchers de soleil sur la mer sans musique de fond, les randonnées à fleur de falaise et les apéros à base de châtaigne et de charcuterie, le Cap Corse est une évidence. Nonza y est comme un phare silencieux.
Quelques conseils si vous y allez
Ce n’est pas un lieu à cocher sur une liste de « spots instagrammables ». C’est un village que l’on découvre avec lenteur, parfois avec étonnement, souvent avec gratitude.
Avant d’y aller :
- Préférez la basse saison (mai-juin ou septembre)
- Prévoyez de bonnes chaussures et peu de bagages
- Renseignez-vous sur les horaires de bus – ils sont rares!
Et puis laissez-vous porter. Ouvrir les volets le matin sur la mer infinie et n’avoir rien d’autre à faire que de respirer… c’est une expérience qui n’a pas de prix.
Moins bruyante qu’Ajaccio, moins exposée que Bastia, Nonza trace tranquillement sa propre voie. Et parfois, c’est dans les recoins qu’on trouve les plus belles lumières.
Je suis Patrick, passionné de montagne et vivant en Haute Savoie depuis plus de 20 ans. En tant que créateur et responsable de ce média touristique, je vous partage des découvertes de lieux à visiter en France et dans les pays limitrophes, des escapades d’un week-end ou de plusieurs jours, mais aussi des astuces et des bons plans pour voyager.
